"Les copains d'abord" ... l'histoire de l'OCCE en Haute Saône

Lors de l’Assemblée générale de 2003, Pierre Despoulain a fait dans son rapport moral de Président de l’OCCE70 un historique de notre Association Départementale.

Rapport moral du président

A défaut d’un ou d’une jeune président(e), voici le rapport moral du nouveau président… Il est sans doute d’ailleurs nécessaire d’emblée de le préciser, tant notre fonctionnement à l’AD 70 permet de constater que nous fonctionnons dans la continuité et à un haut niveau collectif et coopératif : notre AD a vu en effet son organigramme modifié en cours d’année à mi-chemin entre deux Assemblées Générales.

Merci Francis

Francis Pinot, après trois années consacrées à la fonction de président, et en raison de nouvelles activités professionnelles, a souhaité passer le relais. En votre nom à tous, je le remercie vivement pour le travail accompli à ce poste, mais aussi pour tout ce qu’il a fait –et fera encore- au sein de notre Conseil d’Administration Départemental.

Dans le rétro…

Si vous le permettez, je voudrais profiter de cette prise de parole pour jeter avec vous un coup d’oeil dans le rétroviseur, et pas seulement sur l’année écoulée. Je suis en effet un peu, avec quelques-uns qui deviennent rares, la mémoire de notre AD. Connaissant par ailleurs la réalité de fonctionnements divers dans beaucoup d’autres AD, il m’est possible d’analyser sereinement notre situation et de faire avec vous un point à une période qui s’annonce comme une étape importante de la vie de l’OCCE.
Que de chemin parcouru en effet depuis la création de notre Association Départementale en mars 1990 !

La Circulaire Ministérielle de 48 incitait les collègues à créer ces « sociétés d’élèves qui, avec l’aide des maîtres gèrent leurs activités… » Jadis et jusqu’à il y a peu, toutes les écoles de Haute-Saône avaient donc une coopérative scolaire, que les collègues créaient de même qu’à titre personnel ils adhéraient à la MGEN, à la MAIF, au syndicat, etc.
Mais toutes ces coops étaient ici adhérentes de la FOL. Une entente avec l’OCCE national, y compris après 1990, « couvrait » l’existence des coops : la FOL reversait une somme forfaitaire (soit l’équivalent de 4000 adhérents) à l’OCCE national, qui désignait
un mandataire départemental, lequel déléguait lui-même ses pouvoirs aux mandataires locaux. Cette somme forfaitaire était toutefois aussitôt refacturée à l’OCCE pour frais de chauffage, téléphone… L’OCCE mettait à disposition de la FOL son personnel MAD (aujourd’hui parti dans le Jura et pour longtemps) et était au passage privé du bénéfice de la vente des calendriers OCCE (alors importante) versé dans le budget FOL. Pas d’actions pédagogiques, pas de rencontres. Le premier souci des collègues était d’avoir un compte CCP ou bancaire.
Arrive une période ambiguë 1990-93, après la modification des statuts nationaux transformant l’OCCE en fédération d’associations départementales. L’OCCE 70 commence d’exister, sous la tutelle de la FOL. Portée au CA par divers représentants d’associations amies, et seulement quelques praticiens de terrain, l’AD 70 dès le départ, grâce à ces derniers, impulse ses premières actions pédagogiques : réseaux de journaux scolaires ou d’échanges documentaires par fax, par exemple.

Enfin vient le temps de l’autonomie, de l’initiative et de la réelle vie coopérative. Très vite sont lancés des groupes (à l’époque commissions) regroupant les coopératives travaillant sur un même thème et souhaitant prolonger leurs activités avec d’autres, essentiellement sous la forme de rassemblements d’enfants, d’échanges en réseaux, de productions de documents. C’est ce choix crucial de fonctionnement pédagogique qui nous permet sans doute d’être ici ensemble aujourd’hui. Mais dans le même temps il faut, dans des conditions matérielles difficiles (siège) et avec une part militante bénévole considérable, assainir la situation administrative : mettre de l’ordre, mettre à jour les listings, intervenir auprès des collègues, des banques, des élus, de l’administration…

Puis, alors que nous passons de 4 000 à 15 000 adhérents, nous lançons Coop’infos, nous intervenons dans les formations. Nous constatons aussi l’évolution des mentalités et des pratiques : la coop c’est d’abord les activités, avec les enfants. Tout n’est pas rose tous les jours et tous les efforts ne paient pas toujours ou pas à court terme, mais l’OCCE 70 est bien là comme vous la connaissez à présent, animée par une équipe motivée de collègues tous mandataires sur le terrain, ce qui fait parfois notre faiblesse (disponibilité), mais aussi le plus souvent notre force (crédibilité).

Aujourd’hui, notre structure est : d’abord bien vivante ; elle est porteuse de nombreux projets ; elle est riche de multiples compétences ; elle est reconnue par
l’administration (M. L’IA nous accorde deux quarts de décharges et quelques remplacements) ; son fonctionnement est coopératif et efficace ; sa gestion est claire, rigoureuse et transparente ; les pionniers s’essoufflent ou vieillissent, mais la relève arrive, depuis deux ans de façon encourageante.
J’avais à choeur de souligner cet aspect historique, aboutissant à une situation plutôt favorable, non pour en tirer quelque gloriole –collective d’ailleurs- mais parce que je mesure aussi la difficulté de notre investissement, les incertitudes et les risques actuels pour notre AD.
 

Des motifs de satisfactions…

  • Nos effectifs sont globalement stables, les fermetures de coops correspondant le plus souvent à des fermetures d’écoles.
  • Nos groupes de travail départementaux fonctionnent avec efficacité.
  • Nous développons nos moyens d’information à destination des collègues : bulletin de liaison Coop’infos, lettre électronique hebdomadaire, site internet.
  • La présence quotidienne et le travail consciencieux, voire militant, d’Elisabeth sont unanimement appréciés.
  • Notre fonctionnement administratif et comptable est remarquable.
  • Nous intervenons dans la formation des PE2, dans quelques stages aussi.
  • Nos animateurs s’investissent à tous les niveaux de la vie de notre Fédération Nationale.
  • Mais surtout, très lentement, l’on peut percevoir à travers les pratiques des collègues, au cours de nos rencontres aussi, que l’adhésion à l’OCCE 70 a aujourd’hui de plus en plus un sens : on n’adhère plus que pour avoir la couverture juridique.

…et toujours des attentes

  • Bien sûr, nous attendons encore bien plus de signes tangibles, d’actions concrètes traduisant ce sens de l’adhésion. En particulier nous aimerions voir les mandataires mettre en actes plus encore nos valeurs avec leurs élèves et aussi jouer bien plus leur rôle de relais vis-à-vis des parents, dans l’information qui leur est dûe, dans la distribution de la carte d’adhérent OCCE, par exemple.
  • Bien sûr nous souhaiterions voir la convention OCCE-Ministère se traduire en faits sur le terrain, d’autant que les Instructions Officielles nous encouragent dans nos pratiques pédagogiques… malheureusement sans assurer ou sans favoriser via les mouvements pédagogiques l’aspect formation nécessaire.
  • Nous aimerions pouvoir disposer d’un moyen humain supplémentaire de notre Fédération
  • Et puis reste encore et toujours le problème de notre siège départemental où notre secrétaire fonctionne dans des conditions que M. Weyermann, premier vice-président du Conseil Général, qualifiait ici-même en AG d’inhumaines.
  • Il reste difficile, malgré la note optimiste ci-dessus de faire passer le message que si nous sommes coopérateurs avec nos élèves, nous sommes aussi coopérateurs entre nous, animateurs adultes des coopératives.

Alors ?

Notre difficulté principale semble de faire savoir qui nous sommes, ce que nous faisons, ce que nous proposons aux collègues, jeunes ou confirmés. Quelques questions doivent être présentes dans nos têtes : « qu’est ce que je n’ai pas fait pour intéresser les collègues ? Pourquoi ne sommes-nous pas intéressants pour plus de collègues encore ? Pourquoi ne sommes-nous pas plus reconnus par l’administration ?»
Nous devons, peut-être, montrer davantage l’efficacité de la pédagogie coopérative, mieux valoriser l’information et pas seulement la transmettre. Les valeurs que nous défendons doivent être affirmées, les principes de la pédagogie coopérative doivent être prônés et mis en oeuvre. Ces valeurs ne sont-elles pas des réponses aux problèmes de société que nous connaissons, violence, manques de repères, absence de projets… ? Ne sont-elles pas des réponses concrètes aux problèmes actuels face à l’évolution de l’école, face à la disparition du statut du maître unique ?
Solidarité
L’heure est grave. Depuis plusieurs années, nos instances nationales et notamment notre président J-François Vincent, nous invitent à réfléchir à la nécessaire solidarité qui doit se manifester à travers tous les niveaux de l’OCCE. Les AD en sont conscientes et nous apportons notre contribution à cette réflexion lors des diverses rencontres régionales et nationales.
Cette notion conditionne notre fonctionnement. Dans la coopérative scolaire ou le foyer : c’est le sens de l’adhésion (pas seulement financière) pour les élèves, au sein de la classe d’abord, de l’école, avec d’autres écoles aussi. C’est aussi pour les adultes une
valeur à traduire en actes entre collègues, au sein de l’AD, du CA. Au-delà, pour les militants, c’est au niveau de l’AD, mais aussi au sein de la Fédération Nationale.

Contexte

En effet, de sérieuses incertitudes ou menaces planent actuellement :

  • La subvention ministérielle, malgré une convention pluriannuelle, a été amputée et sera encore très certainement réduite
  • Comment la loi de finances 2005 accordera-t-elle les subventions et postes MAD s’ils sont liés à des projets ne devant pas être redondants avec d’autres associations ?
  • Comment se traduira le projet de mise en réseaux des écoles ?
  • Il est prévu de réécrire la convention MEN-OCCE prévue pour 5 ans au bout de trois ans.
  • Comment atteindre notre autonomie financière avec actuellement 1/3 du budget national provenant de subventions ?
  • Comment va se traduire dans les régions la décentralisation qui se met en place et qui prévoit le subventionnement des associations par les conseils régionaux ?

Mise en réseau des écoles. Nouvelles structures ?

Plus que jamais, nous avons donc nous aussi au niveau de notre fonctionnement départemental, pédagogique et financier, à intégrer cette dimension de solidarité. Ensemble, conformément à nos statuts, en faisant vivre la coopération à l’école, nous oeuvrons au quotidien au sein d’une Ecole plus coopérative pour une société plus humaine et plus solidaire.
Pierre Despoulain, président